Je ne me rappelle plus très bien comment ma mère était avec moi étant petit mais mon père m'a dit qu elle s'occupait bien de moi. J' ai grandi avec ma mère malade sans savoir réellement ce qu'elle avait jusqu 'à sa mort. J’avais 19 ans. Elle est morte d'une crise cardiaque pendant qu’elle prenait sa douche. Mon père et moi ce dimanche matin nous devions voir ma grand-mère. Pendant 45 min les pompiers ont essayé de la réanimer mais rien à faire, elle était bien morte là, nue comme un ver étendu sur le carrelage. Je verrai son corps dans un sac plastique noir sur son lit puis ensuite dans son cercueil le visage grossi un peu vert faisant la grimace. Mais je ne pense pas que c'est cet épisode là qui m’a le plus marqué. Ma mère était schizophrène. Dans ma petite enfance, quand je rentrais des cours en primaire puis au collège, j'ouvrais la porte de chez moi, et là je voyais ma mère entrain de fumer comme à son habitude, je traversais le couloir en déplaçant ce nuage de fumée qui envahissait la pièce le couloir et la cuisine. Elle fumait 4 paquets par jour sans vraiment fumer elle soufflait sur ces cigarettes c'était devenu un réflexe. A cela s'ajoutait sa prise de cafés quotidiennes je ne pourrai pas en dire le nombre mais elle en buvait beaucoup. Bref dès que je rentrais de l'école j’avais le droit souvent aux crises de délire de ma mère. Plus ou moins intense selon les journées dans lesquelles elle parlais non elle hurlait en vietnamien chose a laquelle je viens de me rendre compte il n y a pas si longtemps. Ma mère ne s'en est jamais prise à moi physiquement sauf quelques fois pendant ses crises de délires pour me mettre une fesse ou une claque. J ai réussi toute ma scolarité jusqu' en 1ière où là je me suis écroulé. J’ai redoublé, dernier de ma classe puis en terminale pareil, dernier de ma classe. J ai réussi à avoir le bac puis je suis allé à la fac 2 ans et j ai arrêté. Je suis actuellement en 3ième année d'école de chiropratique (3ième profession de santé au monde). Je peux dire que je m en suis pas trop mal sorti mais je suis pas tiré d'affaire. Le quotidien est dur à vivre et je me suis résolu à aller voir une psy il y a quelques mois car je me sentais mal dans ma peau. Je commence à mieux me connaître grâce à elle je suis sur la bonne voie. J ai du mal à me rappeler les moments heureux de ma vie il y en a eu mais à l intérieur il y avait toujours ce mal être qui m'empêchait d' en profiter. Bien que mon père soit mélancolique, a été souvent déprimé voir dépressif sans lui je n en serais pas là. Il m’aimait et c'est bien là l essentiel je pense. J’ai eu tout au long de ma jeunesse un groupe d'amis qui m'a permis de me sortir de ce quotidien destructeur. Malgré tout il est difficile de s'épanouir comme tout les autres quand on a ce type de vécu. Pour l’anecdote, la seule que je me souvienne vraiment, j ai vu ma mère qui me paraissait normale pour la première fois je devais avoir 15ans je lui rendais visite à l'hôpital psychiatrique. Elle n’était plus dans cette bulle sensorielle qui était la maison ou elle pouvait laisser exploser sa maladie. Je n ai pas tous raconté mais je voulais donner un petit extrait de ma vie c'est avant tous un message d'espoir je le dédie à tous ceux qui ont vécu avec des personnes schizophrènes en particulier avec leur mère.
Arritéa